Depuis le printemps 2019, Sophie Bergeron-Leblanc, CPA, CA, est diplômée de la M. Sc. de HEC Montréal, spécialisée en comptabilité professionnelle. Au lendemain du dépôt de son projet supervisé intitulé : Mandat d’expertise sur le recrutement et la rétention d’étudiants en sciences comptables, elle nous accorde une entrevue sur ce projet à la fois concret et mobilisateur qui a été réalisé avec la collaboration de sa directrice de projet Sophie Tessier, professeure agrégée à HEC Montréal associée à la Chaire internationale CPA de recherche en contrôle de gestion.

Sophie Bergeron-Leblanc, M. Sc., CPA, CA

Quel est l’objet principal de votre projet supervisé?

Mon projet aborde la problématique de recrutement et de rétention des étudiants dans les différents programmes universitaires de comptabilité, soit au niveau des certificats, des baccalauréats et du programme de formation professionnelle CPA.

Pourquoi avez-vous choisi ce sujet?

Je travaille pour l’Ordre des CPA du Québec depuis avril 2017.  La relève de la profession comptable est l’un des principaux enjeux de l’Ordre des CPA, considérant le nombre de départ imminent à la retraite de plusieurs gestionnaires CPA. Afin de connaître les tendances, mes supérieurs m’ont donc demandé d’investiguer et de dresser un portrait global du nombre d’inscriptions et de finissants des baccalauréats en comptabilité au Québec. Lors de la réalisation de mon projet, j’agissais comme conseillère auprès de la relève étudiante dans toutes les universités du Québec. En discutant avec certains étudiants, je remarquais que plusieurs finissants ne connaissaient pas toutes les possibilités de carrière qui s’offriraient à eux une fois le titre de CPA obtenu. Dans une autre optique, certains étudiants décidaient de changer de spécialisation, de ne pas poursuivre au D.E.S.S. ou au programme national offert par l’Ordre des CPA, car ils ne s’identifiaient pas à un certain profil de CPA qui était davantage mis en valeur dans leur université. Cette réalité m’a amenée à me questionner sur les multiples raisons pouvant influencer un étudiant à changer de programme universitaire en cours de route.

Quels sont vos principaux constats?

Depuis 2015, nous observons une diminution de 6 % des inscriptions au baccalauréat en sciences comptables des universités du Québec, et de 10 % aux certificats. Pour analyser la situation, j’ai réalisé plusieurs entrevues avec des étudiants et des responsables de programmes universitaires. Voici quelques facteurs pouvant expliquer la baisse de popularité du programme de comptabilité :

  • À la suite de l’unification des ordres comptables en 2012, l’obtention du titre de CPA nécessite la réussite du D.E.S.S. ou du programme national. Selon certains, la profession a ainsi freiné l’accès à certaines personnes qui souhaitaient plutôt travailler après leur baccalauréat, et obtenir le titre professionnel à leur rythme.
  • La difficulté du programme de baccalauréat et du D.E.S.S. peut décourager certains étudiants.
  • Le profil d’auditeur est mis de l’avant dans plusieurs universités. Ainsi, les étudiants plus intéressés par la gestion et la finance s’orientent vers d’autres branches de l’administration.
  • Certains étudiants ne voient pas la nécessité d’obtenir le titre de CPA, puisque celui-ci n’est pas demandé par leur employeur.

Avez-vous des conseils à donner quant à la rétention et au recrutement d’étudiants en comptabilité?

Dans mon projet, j’évoque quelques pistes de recommandations qui concernent autant les étudiants, les universités, les comités étudiants CPA, les différents employeurs ainsi que l’Ordre des CPA. Notre profession est riche et présente de nombreuses occasions de carrière qui ne sont malheureusement pas toutes connues de la part des étudiants. Il est du devoir de chaque intervenant de valoriser tous les types de profils CPA afin que chaque étudiant trouve sa voie dans la profession. Nous devons tous travailler dans la même direction afin d’assurer que les bons messages soient véhiculés auprès de la relève étudiante, de sorte que les futurs CPA soient suffisamment outillés pour intégrer le monde des affaires.